Le sentier des 3 cascades (Brénod)

Carte IGN Top 25, 3230OT, Nantua Hauteville-Lompnès

Départ : Derrière la gendarmerie

En cette fraiche matinée d'automne je m'engage sur le chemin qui longe des maisons de construction récente et de conception innovante : Larges ouvertures au Sud, panneaux solaires à foison, utilisation du bois comme matériau de construction sont leurs caractéristiques (après recherche je constate qu'il s'agit d'habitations bioclimatiques, faisant la part belle aux énergies renouvelables et aux matériaux recyclables). Il est certain que les défenseurs de l'habitat traditionnel ne leur décerneraient pas une médaille mais je trouve qu'elles s'intègrent plutôt bien dans le paysage. Notez d'ailleurs qu'une de ces maisons fait chambre d'hôtes (référencée Gites de France et Charmance).

Bref, je poursuis ma route, il ne fait vraiment pas chaud et de la glace commence à se former sur les flaques, on sent que l'hiver approche. Je traverse la passerelle sur l'Albarine et j'entends des détonations dans le lointain, probables coups de fusils, ce qui n'est pas étonnant car nous sommes en pleine période de chasse.

Un peu plus loin il faut quitter la piste pour s'engager sur un petit sentier qui monte légèrement à gauche, aucun risque de se tromper il suffit de suivre le panneau bleu et jaune parfois en forme de poisson.

 

La première cascade est vite là, après une trentaine de mètres parcourus dans un petit taillis de feuillus. Pas de bol pour cette fois elle est à sec : Les faibles précipitations de ces dernières semaines n'ont pas suffit à alimenter le torrent qui la fait jaillir. Pour le plaisir des yeux je publie une photo prise lors d'une précédente visite au printemps.

 

Cette absence d'eau permet au moins de contempler le travail de l'érosion sur la roche, d'abord d'en bas, puis du haut que l'on atteint en la contournant à droite par le petit bois (suivre le marquage).

 

En haut je rejoins la piste que l'on avait précédemment délaissée non sans être passé prêt d'un pont romain, donnant accès à une sapinière, consistant en 2 belles dalles de pierre locale jetées en travers du torrent.

Arrivé sur une espèce de grande clairière servant parfois de parc à grumes je tombe sur des panneaux indiquant qu'une chasse est en cours, pile-poil à l'entrée du chemin que je m'apprête à suivre. Je n'ai pas trop envie de faire demi-tour et je poursuis donc ma route. Un peu plus loin, je tombe sur deux 4x4 garés qui sont allés aussi loin qu'ils pouvaient puis sur un chasseur et son chien (un espèce de teckel avec un grelot !!!) qui m'affirme que je peux continuer sans risque la balade (j'avoue être un peu inquiet, ma tenue vestimentaire à base de kaki et de noir n'étant pas des plus visible dans la forêt).

Je m'engage donc sur ce charmant sentier en corniche, sous les fayards, qui surplombe le torrent jusqu'à la seconde cascade ; elle est aussi à sec malheureusement.

Là, sans traverser le cours du torrent, on continue à gauche sur un petit sentier naturellement empierré (notez qu’à droite, une autre balade vous emmène au Chalet des Loges dans le Cuviat). Au gré d’une légère dépression de terrain on traverse une forêt de sapins très humide, nous passons prêt du Marais de la Roche. Puis les jambes sont brièvement sollicitées pour une brève montée bien raide dans laquelle des marches en rondins de bois ont été aménagées.

   

Je croise à nouveau deux chasseurs l’air jovial et les mains dans les poches, fusils en faisceau, me confirmant que je peux poursuivre mon chemin sans crainte. Encore un petit raidillon et me voila sur l’arête que je vais suivre dans le sens Sud-Nord.

*** La rencontre ***

Chemin faisant, traversant un sous-bois assez sombre, un boucan infernal me fait stopper net et je tombe nez à nez (environ 5 mètres) avec un sanglier balèze de chez balèze qui, aussi surpris que moi, marque l’arrêt l’espace de 15 secondes.

La bête, probable objet de la traque des compères chasseurs, souffle très fort et je dois avouer que je ne suis pas très (du tout) rassuré. Je commence à opérer un mouvement de retraite sans lui tourner le dos, tout en cherchant un arbre susceptible d’accueillir mon repli, l’esprit plein de récits plus ou moins légendaires de piétinement et d’éventration suite à des rencontres inopinées avec notre razorback national.

Puis soudain, probablement effrayé par le bruit ou l’odeur des chiens à sa poursuite, il repart de plus belle, déboulant à travers les taillis tel un bulldozer faisant fi des difficultés du terrain. Quelques secondes plus tard j’entends claquer 3 coups de feu et intérieurement j’espère que chasseur ne rime pas avec snipeur.

En tout cas croyez le si vous le voulez mais durant l’éternité de cette courte rencontre, moi qui ai toujours eu envie de faire de la photo animalière, pas une seconde je n’ai pensé à porter la main à mon appareil photo …

Puis enfin j’arrive au point de vue, situé au lieu-dit l’Areta. Autrefois à cet emplacement était dressée une croix de Savoie qui symbolisait (il me semble) la frontière entre les royaume de France et de Savoie (dont fit longtemps partie notre région) mais elle a disparu. Par contre la table d’orientation est toujours là, elle est normalement décorée de jolies aquarelles protégées par du plexi mais de l’humidité s’est accumulée à l’intérieur masquant en grande partie le travail de l’artiste. En tout cas le panorama, lui, n’est pas altéré : Le point de vue est superbe offrant une vision dégagée du plateau, depuis le Montoux jusqu’à Corcelles en passant par les Loups.

Après quelques photos j’amorce la descente, entre les buissons de genévrier, en me méfiant sur quelques passages glissants. Au printemps, le botaniste en herbe pourra observer la délicate Orchis Sureau sur cette partie du parcours. Une petite passerelle permet de traverser le ruisseau et d’accéder à la dernière cascade. Assez pittoresque, elle est constituée d’une longue roche plate (facilement accessible) suivie d’un petit saut d’environ 4 mètres.

   

Dans un paysage de maquis le sentier fini par rejoindre une croix en métal assez originale et une table en pierre sous des tilleuls (lieu propice à un petit casse-croute familial), en bordure de la piste qui mène au hameau du Jorat.

   

Puis il est temps de redescendre en direction du village par le sentier bordé de tilleuls dont certains très beaux spécimens. Après avoir croisé un nouveau groupe de chasseur (dur matinée pour le gibier), farceurs en goguette aux airs de redneck, mais refusant une photo de groupe que je leur propose pourtant gracieusement je traverse l’Albarine et sous un magnifique tilleul probablement très ancien (peut-être un arbre de Sully comme il y en avait autrefois dans de nombreux villages de France) je plonge à gauche et rejoins le point de départ après quelques enjambées.

Cette promenade plutôt courte (4km500 au GPS) a été effectuée en 1h40 autant dire que j’ai vraiment trainé et profité du paysage car il me semble l’avoir déjà faite en moins d’une heure. Ce circuit est assez approprié pour une famille avec des enfants jeunes mais capables de marcher (poussette impossible). Il est préférable de l’effectuer au printemps pour profiter au maximum des cascades et éviter les nuisances de la période de la chasse mais c’est aussi une balade très sympa pour un décrassage de lendemain de réveillon par exemple.