Trompette des morts (Craterellus cornucopioides)
Ou une jolie récolte : Cachée sous les feuillus bien emmitouflée dans la mousse humide la voila notre trompette des morts, ce n'est pas faute de l'avoir cherchée tout l'après-midi et soudain au détour d'un sentier fréquenté par les sangliers, dans la semi-pénombre de la fin de journée (17h00), elle se révèle à notre regard affûté d'enfant ébahi. Et elle n'est pas seule, on ne sait plus ou donner de la tête tant elles poussent nombreuses au même endroit, en général quand on les a trouvé on s'aperçoit qu'on en a sous les crampons des croquenauds, heureusement elle est robuste et assez élastique. A la première ramassée je ne peux m'empêcher de porter son pied creux à mes lèvres et, tel Boromir fils de Denethor soufflant dans son cor, d'entamer un morceau à la Jean-Claude Borelli. Si un sanglier m'observe de derrière un fayard il doit se pisser dessus en se tordant de rire. Maintenant ce n'est pas le tout mais il faut s'activer de couper et couper encore pour remplir le panier, quand il n'y en a plus il suffit de tourner la tête et il y en a encore, un coup d'oeil le long du chemin et en voila d'autres qui tentent de se sauver en débaroulant le talus. A part la morille je ne connais pas de champignon qui me procure un tel plaisir à cueillir. Enfin les dernières victimes ont rejoint mon panier, il était temps la nuit commence à tomber, je suis le chemin que les sangliers ont sillonné dans tous les sens (jamais vu autant de trace de pieds de cochons à la fois) et je rejoins la Jeep qui va me ramener à la maison un sourire béat sur le visage. Je n'avais malheureusement pas l'appareil photo sur moi à la cueillette mais je n'ai pas pu m'empêcher de faire quelques clichés au moment du nettoyage à la maison. Sa forme en entonnoir, sa couleur de gris à noir et son aspect en font un champignon impossible à confondre avec aucun autre. La trompette des morts posséde un parfum et un arôme puissant mais sa chair assez élastique n'est pas forcément agréable à mastiquer (certain cas d'occlusions intestinales auraient même été signalés suite à une surconsommation) c'est pourquoi je conseille de la faire sécher et de la consommer broyée en condiment pour parfumer des jus de viande ou de volaille (avec un rôti de veau, miam miam). Le seul "inconvénient" de la dessiccation de la trompette des morts c'est de voir un panier de 2 kg de champignons se transformer en un petit bocal de minuscules trucs noirs racornis et durs, disons que c'est un peu frustrant. Un gars que j'ai rencontré cet automne en foret et qui avait un beau sac de trompettes m'a dit qu'il allait faire du pain pour l'hiver, devant son air un peu frustre j'ai acquiéscé d'un hochement de tête ne voulant pas faire les frais d'un remake d'une scène célèbre du film "Délivrance" mais quelle ne fut pas ma stupéfaction quand une fois rentré à la maison je trouvais cette recette dans le livre "le panier des champignons" aux éditions "Glénat" :